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Pierre de Ronsard et l’hymne à la surdité
Publié le 20/03/2018
« Je vous envoie un bouquet que main
Vient de trier de ces fleurs épanouies ;
Qui ne les eût à ce vêpres cueillies,
Chutes à terre elles fussent demain. »
Un sonnet à Marie Dupin
« Je vous envoie un bouquet que main
Vient de trier de ces fleurs épanouies ;
Qui ne les eût à ce vêpres cueillies,
Chutes à terre elles fussent demain. »
Dans ce sonnet à Marie, Pierre de Ronsard (1524-1585) poète majeur de la Renaissance consacre l’art du sonnet et de l’alexandrin, et rend hommage à l’une de ses amoureuses, Marie Dupin.
Sourd à 19 ans
C’est à sa surdité que nous devons cette vocation poétique. À 19 ans, il perd une partie de l’audition suite à des otites mal soignées et doit renoncer à une carrière de robe dans la diplomatie. Il consacre alors toute son intelligence à l’étude des maîtres poètes Pétrarque ou Homère, et va participer à la création de la Pléiade, courant poétique du XVIe siècle dont une célèbre maison d’édition reprendra le nom en 1931.
Joaquim du Bellay et son hymne à la surdité
Pour conclure, écoutons le poète Joaquim du Bellay évoquer son ami Ronsard dans son hymne à sa surdité :
« Je dirai qu’être sourd (à qui la différence
Sait du bien et du mal ) n’est mal qu’en apparence..
Or celui qui est sourd, si tel défaut lui nie
Le plaisir qui provient d’une douce harmonie,
Aussi est-il privé de sentir maintes fois
L’ennui d’un faux accord, une mauvaise voix,
Un fâcheux instrument, un bruit, une tempête,
Une cloche, une forge, un rompement de tête,
Le bruit d’une charrette, et la douce chanson
D’un âne qui se plaint en effroyable son. »