Conseils Audition
5 préjugés à combattre pour réussir un équipement en appareil auditif
Publié le 10/09/2018
Quand votre médecin vous a conseillé d’équiper vos oreilles, il a probablement dû chercher ses mots pour éviter de vous inquiéter.
La diversité des termes employés pour désigner cet équipement est déjà un indicateur de préjugé, ainsi, nous parlons d'aide auditive, d'appareil auditif, d'audioprothèse, voire de SONOTONE !
Préjugé n°1 : ne suis je pas trop jeune pour porter un appareil ?
FAUX
L’image de votre grand-père devant une télévision à fort volume sonore vous revient probablement à l’esprit. Certes, la dégradation naturelle de l’audition ou presbyacousie s’accélère après 75 ans à raison de 2 dB par an pour concerner une personne sur deux.
En fait, ce vieillissement des cellules sensorielles a commencé bien plus tôt, pour toucher une personne sur trois à 50 ans, injustement répartis bien entendu, selon son capital génétique ou les traumatismes sonores vécus. Il y a quelques décennies, le port du SONOTONE était un révélateur de l'âge de son propriétaire. Mais il faut rappeler que la piètre qualité d’écoute de ces appareils auditifs analogiques réservait les prothèses, aux pertes les plus sévères, souvent présentées par les plus âgés.
Bon à savoir : les appareils sont maintenant numériques et leurs performances suivent de près, les progrès du digital. Plusieurs générations sont maintenant porteuses d'aides auditives, les études récentes ayant montré que l’appareillage tardif (en moyenne 7 ans après prescription !!!) favorise le déclin cognitif, l’isolement social, la dépression.
Variantes de ce préjugé : mais que vont penser ma fille, mon petit-fils, les voisins... Ne dois je pas attendre encore un peu...
Préjugé n°2 : les appareils ne sont pas discrets
FAUX
C’est probablement une crainte d’être visuellement perçu “comme vieux” en liaison avec le préjugé n° 1 .
D’un point de vue technique, la miniaturisation des composants électroniques et leur légèreté sont impressionnantes, les appareils mini-contours disparaissent derrière le pavillon sans parler des intra-conduit (auditif) quasi invisibles mais réservés à certaines corrections. Le même travail que celui réalisé pour transformer les lunettes en accessoire de mode reflétant sa personnalité est en cours, des bijoux auditifs complémentaires sont maintenant commercialisés.
Variantes de ce préjugé : les appareils sont encombrants...
Préjugé n°3 : porter un appareil sera mal perçu à mon travail ?
VRAI/FAUX
Selon l’attitude de vos collègues, ce n’est pas impossible dans les premiers temps. Mais à l’inverse, cacher votre déficit et ne pas porter d’aide auditive vous expose à continuer à mal comprendre vos collègues, en réunion par exemple, pouvant conduire à une autre discrimination pour incompétence ou comportement social inadapté cette fois-ci. Sans compter la dégradation possible de votre audition.
Préjugé n°4 : les appareils ne permettent pas de retrouver les sons naturels
VRAI/FAUX
Une aide auditive n’est effectivement pas une greffe d’oreille. Les sons peuvent être perçus différemment, les conversations de groupe (effet cocktail) pas encore assez fluides, mais il ne faut pas perdre de vue que l’homme est un animal social et le plus important est de conserver la compréhension globale des échanges verbaux. Après équipement, un temps de test de la solution technique ET un temps de rééducation à entendre et comprendre est nécessaire. Un appareillage trop tardif est défavorable car le cerveau oublie certains sons.
Les solutions actuelles sont fiables, les appareils numériques actuels sont bien plus performants pour compenser les trous fréquentiels (amplification sélective des fréquences de sons perdus), distinguer la direction d’une conversation qui nous intéresse parmi plusieurs sons (intelligence artificielle). Les processeurs des différentes marques offrent des solutions différentes pour s’adapter aux différences individuelles.
Pour l’anecdote, les audioprothèses présentent une puissance de calcul plus importante que celle des calculateurs embarqués sur les missions Apollo des années 70 !
Variantes de ce préjugé : les appareils ne sont pas au point...
Préjugé n°5 : le coût des appareils est élevé et leur remboursement faible
VRAI/FAUX
Si le coût de la technologie mise en oeuvre est toujours élevé à l’égal d’un autre appareil digital évolué comme le smartphone, le coût total facturé dépend pour partie du service d’adaptation/réglage inclus pour la vie de l’appareil, service tarifé de façon variable selon les centres. Et l’important est justement la qualité de ce service pour la rééducation (voir préjugé n°4).
Le reste à charge après remboursement doit être simulé dès le devis chez l’audioprothésiste (1500-2000€ en moyenne pour 2 oreilles équipées). Les solutions complémentaires pour réduire cette dépense nette seront discutés avec votre professionnel : tarif CMU-C, tarif 100% Santé (à partir de 2019), aides MDPH...
Voilà bien des croyances...
...et nous n'avons pas évoqué d'autres préjugés pratiques telles que le réglage difficile, l'entretien et le changement des piles délicats ou ou les possibilités de perte et casse.
La preuve ultime de l'intérêt de l'appareillage précoce est rapportée congrès après congrès par de nombreaux professionnels : majoritairement, les patients, appareillés dès le diagnostic, et qui ont franchi les périodes de test et de réeducation ne peuvent plus se passer de leurs aides auditives. La redécouverte du bruit du vent ou la voix d'un proche à nouveau perceptible, sont bien des agréments de vie déterminants !
Régis Mendizabal